Pendant soixante-dix ans, la recherche sur le monde soviétique s’est élaborée sans possibilité de recours aux sources primaires. « Discipline » à mi-chemin entre l’histoire immédiate et la science politique, la soviétologie, comme on l’appelait alors, était privée de l’outil traditionnel de l’historien : les archives. De ce fait, elle était d’autant plus perméable aux présupposés idéologiques. Bien que leur ouverture soit encore partielle et inégale selon les pays, les archives du monde communiste ont permis des avancées notables dans l’historiographie. Traduisant le rapport qu’entretiennent aujourd’hui les sociétés postcommunistes avec leur passé, leur usage public a encouragé le questionnement sur la centralité accordée aux dossiers des polices politiques. D’autres lectures des archives de la surveillance, d’autres champs de recherche ont pu être explorés, qu’il s’agisse des relations entre les dirigeants et entre les États, des rapports entre l’État-Parti et la société ou encore de l’approfondissement d’épisodes majeurs de l’histoire comme la Shoah à l’Est, longtemps négligée. Revers de la médaille, l’ouverture des archives et la dramaturgie autour de leurs révélations ont mis en relief un usage public du passé qui rappelle la fragilité de l’histoire comme discipline autonome. Cet essai trace un bilan de l’apport de l’archive à l’historiographie et à l’intelligibilité de la résistance juive en URSS pendant la Seconde Guerre mondiale.
La résistance juive en URSS pendant la Seconde Guerre mondiale
SALOMONI, Antonella
2009-01-01
Abstract
Pendant soixante-dix ans, la recherche sur le monde soviétique s’est élaborée sans possibilité de recours aux sources primaires. « Discipline » à mi-chemin entre l’histoire immédiate et la science politique, la soviétologie, comme on l’appelait alors, était privée de l’outil traditionnel de l’historien : les archives. De ce fait, elle était d’autant plus perméable aux présupposés idéologiques. Bien que leur ouverture soit encore partielle et inégale selon les pays, les archives du monde communiste ont permis des avancées notables dans l’historiographie. Traduisant le rapport qu’entretiennent aujourd’hui les sociétés postcommunistes avec leur passé, leur usage public a encouragé le questionnement sur la centralité accordée aux dossiers des polices politiques. D’autres lectures des archives de la surveillance, d’autres champs de recherche ont pu être explorés, qu’il s’agisse des relations entre les dirigeants et entre les États, des rapports entre l’État-Parti et la société ou encore de l’approfondissement d’épisodes majeurs de l’histoire comme la Shoah à l’Est, longtemps négligée. Revers de la médaille, l’ouverture des archives et la dramaturgie autour de leurs révélations ont mis en relief un usage public du passé qui rappelle la fragilité de l’histoire comme discipline autonome. Cet essai trace un bilan de l’apport de l’archive à l’historiographie et à l’intelligibilité de la résistance juive en URSS pendant la Seconde Guerre mondiale.I documenti in IRIS sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.